Mère toxique, fils apaisé.
Quand ma mère toxique a appris qu’elle était atteinte d’un cancer incurable, une nouvelle dynamique s’est imposée entre nous. Une dynamique marquée par l’urgence, l’émotion brute, et des échanges souvent douloureux.
À cela s’est ajoutée sa décision d’avoir recours à l’euthanasie en Belgique, une décision que je respecte profondément, mais qui a amplifié cette sensation d’avoir un sablier constamment sous les yeux.
J’ai accepté de l’accompagner pour ce rendez-vous, conscient de l’importance de ma présence à ses côtés dans ce moment ultime.
Ma mère est une femme forte, mais aussi une femme marquée par ses propres blessures. Elle a projeté sur moi une grande partie de sa souffrance passée, souvent inconsciemment. Aujourd’hui, elle exprime une inquiétude presque obsessionnelle concernant mon couple. Elle est persuadée que ma compagne ne m’aime pas assez, m’aime mal, ou qu’elle m’empêche de m’épanouir et d’être pleinement présent pour elle, ma mère.
Ces reproches ont souvent déclenché chez moi des colères, des départs précipités, des silences lourds de sens. Je me sentais pris au piège entre le besoin de me protéger émotionnellement et l’envie irrépressible de répondre à ses attentes. Mais un jour, j’ai compris quelque chose de fondamental : ma mère ne changera pas. Sa peur, sa douleur et son urgence à « résoudre » ce qu’elle perçoit comme des problèmes ne disparaîtront pas. En revanche, moi, je pouvais changer.
"En modifiant notre manière de réagir, nous changeons la manière dont l'autre interagit avec nous. Chaque transformation intérieure est une clé pour apaiser la dynamique relationnelle, même toxique."
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On m’a proposé une métaphore simple mais puissante : celle du « chamallow ». Cela signifie adopter une attitude douce, flexible, et non réactive face à ses propos souvent acerbes. Au lieu de m’opposer à elle frontalement, je peux dire simplement : « Oui maman, je t’entends. Je vais y réfléchir. » Cela ne signifie pas que je suis d’accord avec elle, mais cela lui donne un espace pour s’apaiser. Nous sommes dans une dynamique relationnelle, et, si je modifie ma manière de réagir, cela influencera automatiquement la manière dont elle répondra à son tour. Petit à petit, en changeant mes réactions, je peux amener notre relation vers plus de sérénité et alléger ce climat de tension permanente.
Ce changement d’attitude a eu un effet presque immédiat. Ma mère, habituée à mes réactions pulsionnelles de colère ou de frustration, a commencé à baisser la garde. Avec des hauts et des bas nos échanges sont devenus plus doux, plus humains. J’ai compris que si je voulais que nos derniers moments ensemble soient empreints de paix et de sérénité, cela dépendait en grande partie de ma capacité à réagir autrement.
Accompagner un parent en fin de vie, surtout quand la relation est complexe, demande un immense lâcher-prise. Il ne s’agit pas de tout accepter, mais de choisir ses batailles, d’apprendre à écouter sans réagir systématiquement et, surtout, de comprendre que derrière chaque reproche se cache une peur immense : celle de partir sans avoir tout « réglé ».
Aujourd’hui, je me sens plus en paix. Je ne peux pas changer ma mère, mais je peux choisir la manière dont je réponds à ses émotions. Et dans ce choix, je trouve un certain apaisement, pour elle et pour moi. Ainsi, elle pourra mourir plus sereine, apaisée par rapport à mon futur, ce que toute mère, même dysfonctionnelle, souhaite au plus profond d’elle-même. Quant à moi, je n’aurai pas de regrets, ni de reproches à me faire. Je pourrai continuer ma vie avec la certitude d’avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour apaiser cette relation dans ses derniers instants. Je me sens fier du travail accompli avec l’accompagnement que j’ai reçu. Ce que j’ai appris dépasse la relation avec ma mère mourante ; cela enrichit aussi ma relation de couple et, plus largement, ma manière d’interagir avec les autres au quotidien.
Brève analyse du témoignage
Le témoignage met en lumière une relation complexe entre un fils de 32 ans et sa mère toxique en fin de vie, atteinte d’un cancer incurable. Marquée par une dynamique relationnelle dysfonctionnelle, leur interaction est souvent chargée de reproches et de tensions, notamment autour du couple du fils, que sa mère perçoit comme source de malheur potentiel.
Face à cette situation, le fils, rongé par la culpabilité et souvent emporté par la colère, a pris conscience qu’il ne pouvait pas changer sa mère, mais qu’il pouvait modifier sa manière de réagir. Grâce à un travail d’introspection et à la métaphore du « chamallow », il a appris à adopter une attitude douce et non réactive, apaisant ainsi leurs échanges.
Ce changement a permis à sa mère de baisser la garde et d’aborder la fin de sa vie avec plus de sérénité, tout en permettant au fils de se libérer de ses propres regrets. Cette transformation dépasse le cadre de leur relation et enrichit également ses interactions avec sa compagne et ses relations en général.
Geneviève Schmit – décembre 2024
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Bonjour Martine, Je suis profondément touchée par votre message et la situation dans laquelle vous décrivez. Il est très inquiétant…