L'aveuglement face à l'inacceptable : comprendre la loyauté inconditionnelle autour de Gérard Depardieu

Malgré les témoignages bouleversants et les preuves accablantes, de grandes icônes du cinéma français continuent de défendre Gérard Depardieu coûte que coûte.
Pourquoi persistent elles à nier l’évidence, au risque de faire taire la voix des victimes ?
Dans cet article, plongez au cœur des mécanismes d’une loyauté aveugle, où la quête de vérité se heurte à la crainte de détruire un mythe.
Depuis l’éclatement des accusations portées contre Gérard Depardieu, plusieurs figures féminines influentes du cinéma français – Fanny Ardant, Catherine Deneuve ou encore Carole Bouquet – ont adopté, à des degrés divers, une posture non seulement complaisante, mais parfois totalement négationniste. Malgré les témoignages accablants et les vidéos largement accessibles, ces femmes, reconnues pour leur talent et leur force de caractère, persistantes à soutenir l’acteur, allant jusqu’à nier les viols ou, au mieux, à les minimiser. Plus choquant encore, elles ne mettent en avant que les soi-disant qualités « exceptionnelles » de Depardieu – évoquant son charisme ou sa prétendue générosité – sans jamais aborder la violence et l’ignominie dont il est accusé. Cette loyauté aveugle, qui balaie la parole des victimes, suscite l’incompréhension et la révolte d’une partie du public et des professionnels du septième art : comment expliquer qu’après la parution de preuves édifiantes, de récits bouleversants et de séquences vidéo explicites, des personnalités elles-mêmes puissantes préfèrent ignorer la gravité des faits pour préserver l’aura d’une légende du cinéma ?
L'héritage d'une relation complice
D’abord, il faut se souvenir du lien privilégié qui unit ces actrices à l’homme Depardieu. Pour Fanny Ardant, qui a tourné avec lui dans plusieurs films marquants, il est avant tout un partenaire de jeu exceptionnel : généreux, d’une force créative hors du commun. Catherine Deneuve, quant à elle, partage à l’écran et en coulisses une longue histoire artistique avec lui ; ils ont ensemble marqué le cinéma français. Dans le cas de Carole Bouquet, la relation dépasse encore le cadre professionnel : elle a entretenu avec Depardieu une liaison amoureuse d’une décennie, tissant ainsi un lien affectif profond et durable. Leurs souvenirs communs, l’intensité de leur collaboration et leur complicité personnelle peuvent donc conduire à minimiser ou ignorer certains comportements, fussent-ils graves.
La dissonance cognitive en jeu
Cette difficulté à reconnaître la part d’ombre d’une personne aimée ou admirée relève de la « dissonance cognitive » : l’esprit humain cherche à réduire l’inconfort né de deux réalités contradictoires. D’un côté, ces femmes ont vécu des moments d’authentique complicité avec Depardieu, le décrivant comme bienveillant, subtil, protecteur. De l’autre, des témoignages font état d’agressions ou de comportements déplacés et humiliants envers des comédiennes moins connues, ou des jeunes femmes sans notoriété. Plutôt que de remettre en cause leurs souvenirs, elles peuvent préférer croire à un malentendu, à un excès de zèle médiatique ou encore à une vengeance lumineuse ourdie contre un « monstre sacré » du cinéma.
Un déni protecteur face à la culpabilité éventuelle
Il se pourrait que ce déni de la réalité serve également à préserver leur intégrité psychologique. Reconnaître la gravité des accusations, c’est généralement admettre qu’on a pu couvrir ou banaliser certains comportements par son silence. Face à la terreur de se sentir complice, même indirecte, il est tentant de se raccrocher à l’image idéalisée d’un homme admirable plutôt que de se confronter à ses propres regrets et à la culpabilité qui en découlerait.
Le poids de la culture du génie
À cela s’ajoute la légende du « génie intouchable », souvent évoquée dans les milieux artistiques. Gérard Depardieu est, à bien des égards, un symbole : son talent, sa présence scénique, son exubérance même, ont forgé l’image d’un artiste hors normes. À force de sacraliser cette figure, l’industrie du cinéma a développé une tolérance pour ses « débordements », considérant comme la contrepartie des dons extraordinaires de l’acteur. Cette glorification peut donner l’illusion que dénoncer un tel homme revient à s’attaquer au prestige culturel français, voire à trahir un patrimoine cinématographique auquel toutes ces actrices ont contribué.
Une loyauté qui va au-delà de l'acceptable
La loyauté, alimentée par la gratitude et la fidélité aux relations passées, peut atteindre des sommets d’aveuglement. Certaines femmes n’osent tout simplement pas considérer que l’homme qui a su les soutenir, voire les révéler, ait pu exercer une violence sur d’autres. Dans leur esprit, une telle remise en question fragiliserait non seulement l’image qu’elles ont de lui, mais aussi leur propre parcours : ont-elles été complices d’un système silencieux ? Ont-elles fermé les yeux alors que d’autres subissent l’inacceptable ?
Briser le silence et reconnaître les nuances
La fidélité à une personne ne justifie jamais d’ignorer la souffrance des victimes. Un soutien inconditionnel, aveugle, se mue en trahison envers toutes celles qui ont osé briser l’omerta et partager l’indicible. Nous ne pouvons tolérer que le prestige artistique serve de paravent à la violence : un talent hors du commun ne donne pas licence de détruire des vies. Il est urgent d’entendre la parole de celles qui se sentent déjà trahies par le silence complice. S’affranchir de l’admiration aveugle, c’est défendre la dignité, la justice et la vérité ; c’est affirmer qu’il peut être possible d’apprécier l’œuvre d’un artiste tout en refusant catégoriquement les comportements odieux.
Là se trouve la seule voie authentiquement respectueuse : regarder en face la dualité de l’être humain et choisir sans hésiter de soutenir les victimes plutôt que de protéger l’intouchable aura d’un prétendu génie.
En définitive, l’aveuglement de ces femmes illustres face aux agissements présumés de Gérard Depardieu illustre la complexité des liens humains, la puissance de la dissonance cognitive et la persistance d’une industrie du cinéma trop prompte à sanctifier ses icônes.
Cependant, les accusations portées prouvent qu’aucun talent, aussi extraordinaire soit-il, ne justifie de fermer les yeux sur l’inacceptable. Il est plus que jamais urgent de rompre ce pacte de loyauté aveugle et de reconnaître la vérité, même lorsqu’elle ébranle l’aura d’un mythe.
Laisser la parole des victimes s’éteindre reviendrait à trahir nos motivations de dignité et de justice ; c’est seulement en affrontant courageusement cette réalité que nous pourrons bâtir un espace où plus aucune gloire, si grande soit-elle, ne sert de bouclier à la violence.
Geneviève Schmit – 25 mars 2025, début du procès de la mise en examen pour viol et agressions sexuelles de Gérard Depardieu
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Geneviève Schmit.
Facebook pour les victimes de violence psychologique et de manipulation perverse. Soutien.Psy
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