L’enfant otage des luttes perverse

L’enfant otage des conflits toxiques

L’enfant otage des luttes d’adultes

Dans les relations perverses au sein d’un couple, l’enfant devient bien souvent un enjeu, un objet de contrôle coercitif et de domination perverse. Là où il devrait être protégé, respecté en tant qu’être sensible et aimé de manière inconditionnelle, il se retrouve au centre d’une guerre psychologique, une guerre des nerfs dans laquelle il est traité comme une sorte de copropriété émotionnelle. Il ne compte plus comme un individu à part entière, mais comme un moyen de punir l’autre, un levier de contrôle ou encore un miroir des frustrations parentales.

Chaque parent revendique des « droits » sur lui, non pas dans une logique de bien-être pour l’enfant, mais pour punir l’autre parent en l’en privant, tout en s’appropriant son affection et en contrôlant ses choix par l’aliénation parentale. Ces revendications de « droits », tout en occultant les « devoirs », visent avant tout à exercer un pouvoir destructeur sur l’ex-conjoint, reléguant les besoins et l’équilibre de l’enfant au second plan.

« Un enfant s’épanouit dans un environnement où l’amour dépasse les conflits et où chaque geste des adultes lui rappelle qu’il est libre d’être lui-même, protégé des luttes qui ne devraient jamais peser sur ses épaules. »

Le piège de l’enfant « outil »

Dans ce type de relation toxique, l’enfant est utilisé comme un véritable outil de destruction, privé de son droit à l’innocence et à la neutralité.

Voici comment :

  • Pour blesser l’autre parent : L’enfant devient un messager involontaire, chargé de porter des reproches, des accusations, des exigences ou des frustrations. On lui demande implicitement ou explicitement de choisir un camp, de juger l’un des deux parents, ou pire, d’être un témoin actif des querelles destructrices.
  • Pour maintenir un lien pervers : Même après une séparation, le parent manipulateur utilisera l’enfant pour garder un contrôle puissant sur son ex-conjoint. Les rendez-vous, les décisions éducatives, ou encore les droits de visite deviennent autant de prétextes pour exercer une pression constante.
  • Pour nourrir son ego : Le parent pervers cherche souvent à apparaître comme le parent « parfait« , se posant en victime admirable ou en héros sacrificiel auprès de l’enfant, tout en dénigrant subtilement (ou non) l’autre parent. L’enfant est ainsi pris dans un conflit de loyauté insupportable.
  • Pour en faire son « mini-moi«  : L’enfant devient un reflet imposé du parent manipulateur. Ce dernier projette sur lui ses désirs, ses rancunes, et ses frustrations, l’obligeant à adopter ses valeurs, ses opinions, et même ses conflits. Toute tentative de l’enfant pour exprimer une pensée ou une identité différente est sanctionnée par le mépris, la culpabilisation ou l’humiliation. L’enfant est dépouillé de sa propre individualité, réduit à une extension de l’ego du parent dominateur.
  • Pour en faire un « passe-plat«  : L’enfant est transformé en porteur de messages, chargé de transmettre des reproches ou des informations d’un parent à l’autre. Ces messages, souvent empreints de critiques ou de manipulation, plongent l’enfant dans un conflit de loyauté insoutenable. Il se sent pris au piège, obligé de répondre aux attentes de chaque parent, au détriment de son propre bien-être émotionnel. Ce rôle, qui le place au cœur des tensions, l’expose à un stress constant et à une culpabilité profonde.

« Chaque mot, chaque geste envers un enfant façonne les fondations de l’adulte qu’il deviendra. Offrons-lui respect, amour et sécurité, car c’est dans ce terreau qu’il construira sa force et sa liberté de grandir. »

L’enfant en éclats : conséquences sur le développement

Lorsqu’un enfant est pris dans cette dynamique, les conséquences sont graves et durables.

Privé de son rôle naturel d’enfant, il subit des dommages profonds :

  • Perte d’identité : L’enfant se conforme aux attentes contradictoires des parents, perdant peu à peu le sens de qui il est.
  • Culpabilité écrasante : Il est persuadé d’être responsable des conflits et des souffrances des adultes qui l’entourent.
  • Stress chronique : Cette pression constante affecte son bien-être émotionnel, son sommeil et ses capacités d’apprentissage.
  • Troubles relationnels : Adulte, il peut reproduire des schémas de dépendance affective ou de domination, incapables de se libérer des modèles imposés dans l’enfance.
  • Envies suicidaires ou comportements autodestructeurs : Submergé par une situation qui le dépasse complètement, l’enfant peut développer des pensées suicidaires, cherchant désespérément une issue à un conflit qu’il ne peut ni comprendre ni contrôler. Ces comportements, souvent perçus comme un appel à l’aide, reflètent une profonde détresse intérieure et un sentiment d’impuissance face à la manipulation et aux tensions constantes.

Comment protéger l’enfant face à une relation toxique ?

Le parent protecteur joue un rôle essentiel dans la reconstruction de l’enfant et dans la limitation des dégâts.

Voici quelques pistes :

  • Préserver l’enfant des conflits sans mensonge ni idéalisation : Dans une relation perverse, préserver l’enfant des conflits est un défi, car le parent manipulateur se livre souvent à un dénigrement constant. Il est crucial pour le parent protecteur de ne jamais parler en mal de l’autre parent devant l’enfant, mais sans pour autant mentir ou idéaliser le parent toxique sous prétexte de préserver son image.
    Plutôt que de laisser sa propre colère s’exprimer, il est préférable de parler de manière factuelle, avec un langage adapté à l’enfant, en répondant à ses questions ou en nommant et expliquant certaines situations sans jugement ni rancune. Cela évite que l’enfant développe une vision idéalisée du parent manipulateur, ce qui serait une erreur grave. En effet, un mensonge ou une tentative de dissimulation risquerait de perturber encore davantage l’enfant, renforçant sa confusion et son conflit de loyauté.
  • Renforcer son autonomie émotionnelle : Aider l’enfant à exprimer ses émotions, à développer son propre jugement, et à comprendre qu’il n’est pas responsable des querelles parentales.
  • Construire un cocon de stabilité : Face au chaos généré par un parent manipulateur, il est essentiel de créer un environnement stable et sécurisant pour l’enfant. Cela passe par la multiplication des repères, des routines et des espaces protecteurs où l’enfant peut se sentir à l’abri des conflits et des manipulations.
  • Valoriser son individualité : Encourager l’enfant à découvrir et à affirmer ses propres goûts, idées, et passions, sans crainte d’être jugé ou rejeté.
  • Documenter les abus : Dans les cas graves, consigner les manipulations et faire appel à des experts pour protéger l’enfant et agir dans son intérêt.

« Un enfant n’est pas un champ de bataille pour des querelles d’adultes ; chaque manipulation, chaque trahison de son innocence, fissure son âme et compromet l’adulte qu’il deviendra. Aimons-le assez pour le libérer de nos luttes et lui offrir l’espace d’être simplement lui-même. »

La stabilité doit se construire à plusieurs niveaux :

  1. Les routines quotidiennes : Maintenir un rythme de vie prévisible aide l’enfant à retrouver un sentiment de contrôle sur son univers. Des repas pris à heures fixes, des moments de détente réguliers, ou encore des rituels autour du coucher sont autant d’éléments qui ancrent l’enfant dans une réalité apaisante.
  2. Un espace physique sécurisant : Offrir à l’enfant un environnement calme et stable, où il se sent en sécurité, peut être un refuge face aux tensions. Une chambre personnalisée, un coin lecture ou des objets qui lui appartiennent et qu’il peut contrôler contribuent à lui donner un sentiment d’ancrage.
  3. Le rôle des personnes ressources : Les grands-parents, les enseignants, les psychologues, ou toute personne bienveillante de l’entourage peuvent jouer un rôle crucial dans cette construction de stabilité. Ces figures de soutien offrent à l’enfant une alternative aux conflits familiaux.
  4. Des activités constructives : Inscrire l’enfant dans des activités extrascolaires ou des hobbies qu’il aime peut lui offrir un espace d’épanouissement personnel. Ces moments permettent à l’enfant de développer des compétences, de se socialiser, et de renforcer son estime de soi, loin de la sphère conflictuelle familiale.
  5. Offrir des outils pour mieux gérer le stress et les angoisses : Pour aider l’enfant à surmonter les moments de stress ou de peur, il est important de lui proposer des outils concrets et accessibles adaptés à son âge. Ces pratiques simples peuvent l’aider à réguler ses émotions et à retrouver un état de calme :
    – La cohérence cardiaque : Une technique de respiration simple et efficace. Par exemple, en utilisant des exercices comme « respirer 5 secondes, expirer 5 secondes », pendant quelques minutes, l’enfant peut apaiser son système nerveux.
    – Les huiles essentielles apaisantes : La lavande vraie, la camomille ou l’orange douce, diffusées dans sa chambre avant le coucher, créent une atmosphère relaxante.
    – Les Fleurs de Bach : Des élixirs floraux comme « Rescue » peuvent aider l’enfant à gérer des moments de crise émotionnelle.
    – La sophrologie ou méditation guidée pour enfants : Des applications ou des histoires audio conçues pour les enfants peuvent les aider à se recentrer et à relâcher la tension.
    – Activités créatives apaisantes : Dessiner, colorier ou manipuler de la pâte à modeler peut aussi servir de soupape pour libérer les émotions.
    – etc. …

En combinant routines solides, environnement apaisant et soutien de personnes ressources, il devient possible de contrebalancer, autant que faire se peut, les effets dévastateurs d’un parent manipulateur. Ce cocon de stabilité, même imparfait, offre à l’enfant une bouffée d’oxygène émotionnelle essentielle pour se construire malgré les turbulences qu’il traverse.

L’enjeu : rendre sa liberté à l’enfant

Un enfant n’est ni un objet, ni une arme, ni une monnaie d’échange dans les querelles des adultes. Il est un être en devenir, vulnérable et profondément marqué par le contexte dans lequel il grandit. Le traiter comme une possession ou un outil de vengeance, c’est trahir le devoir sacré de protection que chaque parent devrait honorer.

Dans une relation perverse, où les luttes d’ego et les manipulations dominent, il est urgent de replacer l’intérêt supérieur de l’enfant au cœur de toutes les décisions. Cela signifie non seulement le libérer des conflits, mais aussi lui offrir les moyens de retrouver son équilibre, sa dignité et son identité propre.

Un enfant qui grandit dans un climat de respect, de vérité et de stabilité, malgré les tempêtes, a une chance réelle de se reconstruire et d’échapper à la reproduction de ces schémas destructeurs. En tant qu’adultes, il nous incombe d’être les garants de cet avenir.

L’enfant n’a qu’une seule exigence : celle d’être aimé, protégé et respecté. Ne l’oublions jamais.

Geneviève Schmit – novembre 2024

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