Perte d’identité de la victime

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Perte d'identité de la victime d'un pervers narcissique

ou lorsque la victime fusionne avec le prédateur.

La victime de violence psychologique, dans le cadre de la manipulation perverse, perd progressivement et pratiquement à son insu sa propre identité.
Elle atteint le statut de « victime » en devenant « objet » de l’autre.
La victime n’existe plus dans sa force du « je » et il n’y a pas plus de place pour le « tu » dans la puissance de l’emprise.
Victime et bourreau deviennent « le tout« . Une nouvelle entité diabolique s’est créée.
L’un se nourrit de l’autre et l’autre se perd dans l’un.
La proie disparaît progressivement, comme avalée par le prédateur.

La victime offre en pâture son cœur à une représentation idéalisée d’un amour romanesque.

Avant de prendre conscience de la toxicité de la relation, nous entendons les victimes dire qu’avec « leur PN » ils ne faisaient qu’un, qu’ils étaient « les deux ailes d’un même oiseau« , qu’elles avaient trouvé « l’âme-sœur » ou toute expression soulignant la construction d’une unité par la découverte d’une utopique autre partie de soi-même.

Victime et bourreau, dans leur unité diabolique et dévastatrice, créent une folie commune où le Moi n’existe plus.

Nous entendons également les victimes dirent qu’elles ne sont rien sans l’autre, qu’elles ne peuvent plus décider par elles-mêmes, qu’elles ont peur lorsqu’il n’est pas là pour leur indiquer comment agir, comment respirer. Ce n’est pas tant que l’autre le leur interdit, mais bien qu’elles n’y arrivent plus de manière spontanée.
Les victimes sous emprise sont progressivement dépossédées de toute leur autonomie.

L’une d’elles raconte: « Je me rappelle que sous emprise, je n’étais plus capable de me servir de l’essence dans les pompes automatiques. J’étais envahie par la terreur irrationnelle de ne pas y arriver, de me tromper. Les moindres gestes de mon quotidien, me devenaient impossibles à accomplir sans son aval. »

Lors de sa rencontre avec le prédateur, la victime a bien souvent une estime de soi fragile, que ce soit de manière consciente ou inconsciente.
La plupart du temps, au moment de la rencontre fatale, cette estime de soi est encore plus déstabilisées par l’expérience d’un événement récent difficile à vivre. Ce peut être un deuil, une séparation, un licenciement ou tout autres événements douloureux.
Instinctivement, le prédateur profitera de cette conjoncture qui lui est favorable pour capter à son seul bénéfice une proie qui et prête à être harponnée.
Après avoir faussement valorisé sa proie, il va continuer de broyer ses quelques sursauts d’autonomie afin d’asseoir son pouvoir, et donc d’assurer sa propre sécurité.

En fin de relation, totalement épuisées, dévitalisées, dépossédées d’elles-mêmes, elles se définissent comme détruites, anéanties, mortes en elles-mêmes.

Lorsqu’enfin elles se trouvent seules face à elles-mêmes, elles ont tout à découvrir, tout à définir. Il leur faut tout reconstruire sur les ruines de leur illusion.

Même une fois la conscience de la réalité acquise, la victime continuera encore longtemps à dépersonnaliser le bourreau en lui retirant son prénom pour l’affubler d’un surnom méprisant ou « PN » tout en se l’appropriant par le « mon » PN …

La victime, toujours addict, accueille inconsciemment ce comportement pour préserver le lien de dépendance à l’autre tout en inversant l’objetisation.
Maintenant, c’est l’ex qui semble appartenir à la victime.
Ce comportement classique prouve à quel point la victime a du mal à lâcher l’autre, autant peut être que l’autre a du mal à la lâcher.

Nous sommes en face de l’expression d’une double addiction.

En s’appropriant le bourreau, la victime reforme à nouveau le « tout » qui définissait le couple pervers.

Pour redevenir sujet, pour reprendre sa destinée en main, il est impératif de se libérer de l’hyper-attachement à l’autre.

Nous sommes dans la situation d’un attachement viscéral, animal, nous pourrions presque dire « contre-nature« . Nous sommes en face d’une addiction semblable à celle que l’on pourrait avoir avec de la cocaïne.

La colère, le désir de vengeance, l’acharnement dans des procédures visant à la reconnaissance du statut de victime sont autant de comportements qui maintiennent le « tout » et interdit de redevenir, ou devenir le « je » salvateur.

Durant la lutte éperdue pour se libérer du pervers narcissique, puis pour l’éliminer de sa vie, la victime continuera malgré tout à garder des fragments de cette unité illusoire.
Elle pourra le faire en s’appropriant encore son bourreau ainsi qu’en exposant la souffrance vécue au regard des observateurs.
C’est un phénomène que l’on observe dans des Groupes de parole virtuels sur Internet.

Par nécessité, la souffrance vécue ne sera plus seulement le symptôme d’une situation précise et passagère, mais risque de devenir un état d’être constant, autonome et indépendant des actes de l’autre.

C’est comme si, pour pouvoir quitter la posture du « tout » de l’emprise, il fallait passer par celle de la « souffrance victimaire« , étape qui permettrait de pouvoir enfin aller vers le « je » et donc la guérison.

Mais attention, la souffrance ressentie et exprimée peut devenir une identité revendiquée par la victime en mal de la reconnaissance de ce statut légitime et transitoire qui découle lui-même de la situation d’emprise.

Nous pouvons alors voir naître des personnes qui s’identifient à leur souffrance et qui n’existent plus que par elle. Le statut de victime de PN devient leur identité, leur revendication, un étendard qui leur permet enfin d’exister aux yeux d’un public attentif.

Il est bon de noter que cette réalité est la même pour tous les phénomènes d’emprise perverse, qu’ils soient conjugaux, familiaux, professionnels, de voisinages ou même virtuels !

Heureusement, ce phénomène n’est pas très courant.

Geneviève Schmit

Merci à Gérard-Yves Cathelin, mon superviseur et psychanalyste, de m’avoir guidée vers cette compréhension.

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Genevieve Schmit

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5 commentaires :

  1. Bonjour

    mon fils âgé de 9 ans et moi avons vraiment besoin d’aide c’est vital je vous remercie

  2. Excellent article avec un gros like !!
    Il me touche particulièrement car belle synchronicité par rapport à ce que je me disais intérieurement récemment.
    Si j’avais quitté prématurément le groupe justement c’est parce que la place des « PN » y était trop importante et qu’il restait peu d’espace pour le « je » des femmes en dehors de leur « rôle » de victime.
    Le phénomène PN sur les médias également prend une place importante et ne parle pas assez des « après« , cette reconstruction nécessaire où nous ne sommes ni « notre » PN, ni la victime, mais la femme qui peut enfin se révéler à elle « m’aime« .
    La part qu’il est important de se réapproprier après cette expérience est notre ombre, cette partie cachée de nous qui a attiré le Pn.
    Si nous projetons ceci sur lui et lui laissons en le diabolisant, nous y perdons une partie de nous même.
    C’est en récupérant mon ombre et prenant pleine responsabilité que je suis devenue une femme imparfaite mais complète.
    Je ressentais récemment le besoin de partager mon histoire et puis la menace de diffamation m’a arrêtée, finalement l’idée est de sortir de l’histoire personnelle pour en déceler les mécanismes …. j’y travaille ….
    merci pour cet article très « révélateur » et qui apporte beaucoup. Elisabeth

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